Cáitlín Crewe

Cáitlín était d’un naturel maladivement timide, au point d’avoir du mal à établir le contact avec qui que ce fut et se renfermer à l’extrême en cas de coup dur. Il était alors fort difficile de la faire sortir de sa coquille. Cela s’accompagnait d’une réserve si importante qu’elle ne reconnaissait pas volontiers quand elle avait un problème et avait trop tendance à tout garder pour elle.
C’était également une enfant émotive et fort sensible. De sorte que généralement, elle remarquait ce que ressentait son entourage. Dans la vie, tout lui semblait blanc ou noir, mais il y avait peu de demi-mesure et de nuances avec elle. En outre, elle avait le cœur sur la main et tendance à vouloir voler au secours de la veuve et l’orphelin (ou à toute personne nécessitant une aide quelconque, plus généralement).  

Grande rêveuse, Cathy était bien souvent dans la lune. Il était donc parfois nécessaire de lui faire poser les pieds sur terre.
Autant Cathy pouvait être calme, gentille ou encore protectrice envers ses proches, autant il ne fallait pas la chercher. Et encore moins s’en prendre à ses proches, auquel cas, elle voyait rouge.
Maladroite et étourdie, elle pouvait facilement laisser échapper des objets de ses mains, les cassant, ou encore, avoir des petits « accidents » de parcours divers et variés. Après quoi, elle enrageait généralement contre elle-même.
Néanmoins, elle était courageuse et considérait que les difficultés étaient faites pour être surmontées. Cela ne signifiait pas qu’elle ne pût pas avoir peur. Seulement autant que possible elle évitait de laisser dicter ses attitudes ou réactions par cette émotion et faisait de son mieux pour faire face à la peur quand elle y était confrontée. Ce qui était bien compliqué parfois dans la mesure où elle avait la phobie du vide.

Cathy était un véritable rat de bibliothèque et aimait par-dessus tout passer ses loisirs à lire, jouer du concertina, ou encore prendre des photos. Elle était également passionnée de théâtre et de poésie. Ces intérêts faisaient d’elle un puits de science (pour son âge). S’y ajoutaient intelligence et sagesse. Elle pouvait donc se montrer brillante dans les études lorsqu’elle ne s’en désintéressait pas. D’une grande curiosité, elle aimait à faire de nouvelles découvertes.
Elle adorait également les animaux et rêvait d’en avoir un bien à elle.




En ce premier janvier 1985, pour une fois, la neige tombait sur la garrigue provençale, constituant un manteau blanc pour le paysage. Ce fut ce jour-là que Cáitlín naquit. Ses parents décidèrent de la surnommer Cathy ou Cate ou Catecita. Les premières années de sa vie furent heureuses d’autant qu’elle était entourée de parents aimants toujours prêts à favoriser ses passions et aptitudes. De sorte que dès qu’elle sût lire elle eût accès à la grande bibliothèque familiale et que son père lui apprit à jouer du concertina sur son propre instrument. C’est que sa fille s’était montrée très intéressée par la musique et cet instrument. Et elle se révéla douée en la matière. Il décida également d’enseigner quelques rudiments d’anglais à sa fille, afin que si d’aventure, elle venait à rencontrer Mary, elle fût en mesure de communiquer avec elle.
Les huit premières années de sa vie s’étaient ainsi écoulées, lorsqu’un jour d’hiver sa vie vira au drame.

Toute la famille Crewe put entendre du bruit dehors. Des personnes se tenaient dehors, enveloppées dans des capes noires. Et de l’intérieur, on pouvait distinguer les silhouettes. Prise d’un pressentiment, d’une intuition, la mère de Cathy enferma sa fille dans une cache, d’eux seuls connus, et protégée par un sortilège. Mais, de là où elle était, Cathy pouvait assister à toute la scène.
Les silhouettes en capes noires étaient en fait des mages noirs (partisans de Voldemort lors de la première guerre et qui pour ceux qui survivraient le suivraient lors de la seconde guerre) firent irruption dans la maison.
Cáitlín vit donc ses parents résister aux mages noirs et se faire torturer. Elle se figea donc bien vite. Elle semblait tout d’un coup incapable de la moindre réaction supplémentaire, de bouger ne serait-ce que le petit doigt. Et les sortilèges doloris s’enchainaient. Il s’agissait en fait d’une séance de torture version mages noirs partisans de Voldemort. A peu de choses près, ils agissaient ainsi qu’ils le feraient plus tard avec Frank et Alice Londubat, mais, dans un but, une perspective différente. En ce jour que Cathy revivait, il s’agissait pour les mages noirs à la fois de s’amuser et de neutraliser définitivement des adversaires jugés pour le moins gênants. Pour l’heure, la jeune fille ne regardait que ses parents, et ne put donc voir l’expression des assaillants. Cette séance parut durer des heures, une éternité même aux yeux de la petite fille – qui avait certainement totalement perdu la notion du temps. Quand les partisans de Voldemort eurent fini de s’amuser à coup de sortilèges doloris et autres tout aussi néfastes, ils finirent comme ils avaient commencé, avec un sortilège impardonnable. Seulement, cette fois-ci… Il s’agissait de « l’avada kedavra ». La jeune Crewe détourna alors les yeux. Mais, il était trop tard, elle avait vu ses parents, l’un après l’autre, s’affaisser, frappés par l’éclair vert du sortilège.
La cache faisant son office, les assaillants partirent, sans se douter de la présence de l’enfant. Quand elle fut sûre qu’il n’y avait plus de danger, elle réussit tant bien que mal à se relever, quitter sa cache et se réfugier dans sa chambre. Lorsque les aurors arrivèrent, ils la trouvèrent prostrée, accrochée à son concertina.

Le temps de découvrir si elle avait de la famille ou non, on emballa ses affaires et on la plaça dans un orphelinat de Marseille. Entretemps, on découvrit qu’elle avait de la famille en Ecosse. Une cousine germaine de son père, nommée Mary Kirte, vivait là-bas. Et il se trouvait que si Cathy ne l’avait jamais rencontrée, Mary avait été très proche de Matthew de sorte que lorsqu’ils avaient eu des enfants, ceux-ci s’étaient promis de prendre soin des enfants de l’autre au cas où il arriverait malheur à l’un d’eux.
Une fois que les autorités compétentes eurent découvert l’existence de Mary, ils la contactèrent, elle accepta de prendre soin de Cathy et la petite fille fut donc mise dans un train pour Paris, avec ses bagages (contenant son concertina), sous la responsabilité du personnel de la SNCF. Depuis la mort de ses parents, elle n’avait pipé mot, toujours sous le choc de ce qu’elle avait vécu. Et elle semblait complètement absente de ce qui l’entourait. De sorte qu’il fallut la faire descendre du train. Là, Mary la récupéra sur le quai et l’emmena chez elle.

Une fois au manoir, la première à dérider Cathy et à passer ses barrières fut Alicia, petite fille de cinq ans si pleine de vie qu’il eût été bien difficile de ne pas fondre devant elle.
Quant à Mary, elle avait décidé d’enseigner la botanique et l’art des potions à Cáitlín. Tout en en apprenant plus sur ces sujets, la petite fille put remarquer que sa cousine respectait son besoin de tranquillité, ce dont elle lui était reconnaissante. Au fil du temps, avec Mary et Sophie, les barrières de Cathy tombèrent et quand le choc fut suffisamment passé pour qu’elle recommençât à tenter de prendre la parole, puis retrouvât la voix, elle se mit à réellement communiquer avec sa famille. Une fois qu’elle étudiait ainsi les potions avec sa cousine, Severus Rogue, le parrain de Sophie, leur rendit visite. L’ayant déjà vu à plusieurs reprises, et toujours eu des relations polies avec lui, le saluant et étant saluée en retour, elle savait également qu’il était doué en potions. Ayant un doute sur ce qu’elle devait faire, Cáitlín se décida à interroger Severus, qui lui répondit et l’aida. De sorte que sans être particulièrement proche de lui, elle comprit qu’elle pouvait avoir confiance en lui.

Lorsqu’elle reprit l’école, Sophie, qui avait gagné sa confiance, devint son porte-parole. D’autant que les deux cousines avaient pris l’habitude d’être voisines. Et avec le temps, lorsque le sujet l’intéressait vraiment, comme l’histoire, les instituteurs obtinrent de temps en temps la participation spontanée de Cáitlín et purent entendre le son de sa voix.
Juste avant la fusion entre les mondes, Cathy tomba malade, se retrouvant avec une forte fièvre. De sorte que Mary la soigna à la maison et la garda au chaud. Elle s’absenta quelques jours de l’école. C’était donc à la maison qu’elle se trouvait lorsque la fusion entre les mondes survint.




Lorsqu’elle revint à l’école, elle remarqua que sa place était prise par un garçon qu’elle ne connaissait ni d’Eve ni d’Adam. Voyant cela, la petite fille était sur le point d’aller s’installer au fond de la classe, près de la bibliothèque, mais Matthew lui céda la place et s’assit derrière les deux cousines. Néanmoins, Cáitlín se renferma presque autant qu’à son arrivée chez les Kirte trois ans plus tôt, cessa de participer en classe ou de parler à qui que ce fût, y compris Sophie dans un premier temps. Avec le temps, elle reviendrait à une humeur un peu plus communicative. Elle cessa également de prêter attention en classe, songeuse.