Deux mondes si différents, et pourtant si ressemblants ! PV Sirius, Fenella

Cela faisait environ une semaine que je m’étais installée dans le QG de l'Ordre qui était aussi la demeure des Black où Sirius vivait avec sa petite protégée, dont j'avais fait la connaissance et à laquelle je m’étais attachée, tout comme l'homme qui l'avait sauvée.

La fillette était aveugle et muette à cause de nombreux traitements qu'on lui avait infligé, déjà si jeune. Ayant appris la langue des signes et lire sur les lèvres, je n'avais aucun mal à la comprendre et dialoguer avec elle.

J’étais absente de la demeure, tôt le matin jusqu'en début de matinée, occupée par mon travail de pâtissière en chef. Une fois cela fait, j’étais libre comme l'air, toute la journée, où je m'occupais de noter ou tester des nouvelles recettes et des idées de pâtisserie à présenter à ma patronne. Sinon, je vaquais à mes autres passions ou allait juste flâner ou me promener tranquillement dans les parcs ou dans la forêt, sauf quand il y avait des réunions de l'Ordre.

Pour remercier Sirius de son hospitalité, je m'attelais tous les jours à la cuisine pour préparer des petits plats pour lui et Ofelia ou pour les membres de l'Ordre quand ils étaient là, cela ne me gênait pas car j’adore cuisiner.

Aujourd'hui, c’était mon jour de repos et j'avais décidé de continue la lecture de mon livre que je n'avais repris depuis le mélange des deux mondes. Je m'installai alors sur le sofa du salon et commencer à lire tranquillement.

Le temps avait passé et les choses s’organisaient dans le monde des sorciers. Les professeurs Dumbledore avaient laissé entendre que la situation pourrait s’améliorer pour lui avec l’apparition d’un autre Voldemort. Il semblerait selon les deux professeur Rogue que les Voldemort pourraient bien se battre l’un contre l’autre et les Dumbledore pensaient que ce combat pourrait bien servir ses intérêts. Cela avait eu le mérite de donner à Sirius un peu d’espoir. S’il était reconnu innocent des faits qui l’avaient conduit à Azkaban, il pourrait sortir de temps en temps. Et puis, il pourrait adopter officiellement la petite Ofelia. Ce serait vraiment formidable.

Mais pour le moment, il était toujours coincé dans cette maison infernale. Seul l’égayait un peu de voir la jeune Fenella s’affairant en cuisine pour leur faire de délicieux petits plats. Il y avait plusieurs disputes avec les deux Molly Weasley, mais elles avaient fini par arriver à une forme d’arrangement dont Sirius n’avait pas exactement compris les règles. L’essentiel était qu’elles se soient mises d’accord. De son côté, tout ce qu’il voulait c’était éviter les problèmes, alors il s’efforçait tout simplement de ne pas s’en mêler. Après tout, les histoires entre femmes, il n’était pas conseillé de s’en mêler. Sirius regarda Ofelia jouer sagement dans sa chambre et il alla lui faire un bisou.

« Je descends. Je serai en bas si tu as besoin de quelque chose. »

Il laissa la fillette tranquille et descendit, dans l’idée de voir s’il y avait quelqu’un et peut-être de prendre un livre dans la grande bibliothèque familiale, en espérant en trouver un qui ne fasse pas l’apologie des Sang-purs. Mais lorsqu’il descendit au salon, il découvrit Fenella en train de lire et un sourire naquit sur ses lèvres. Elle avait beau être la meilleure amie de Snivellus, qu’il évitait d’appeler Snivellus en sa présence, elle était plutôt sympathique, compte tenu du fait qu’elle était la seule autre personne constamment présente auprès de lui.

« Bonjour, Fenella, comment allez-vous, aujourd’hui ? »

"Tiens ! Bonjour Monsieur Black !"

J'avais encore du mal à l'appeler par son prénom. Pourtant, j'y arrivais avec le Sirius de mon monde, mais avec lui, je ne sais pas, c'était différent, même s'il avait eu la même vie que celui que j'avais côtoyé et vu grandir. C'était peut-être pour ça que je n'y arrivais car je le connaissais sans vraiment le connaître, vu que je n'avais aucun souvenir et intimité avec lui. Mais malgré tout, je l’appréciais plus que celui avec qui j'avais fait mes études à Poudlard. Oui, je sais, c'était bizarre je n'arrivais pas a l'expliquer moi-même. Ils étaient identiques tout en étant différents.

J’étais bien contente de ne pas avoir un double de moi dans ce monde. D’ailleurs, c'était bizarre que certains aient un double et d'autres non mais personnellement, ça m'arrangeait. Je n'aurais pas aimé me retrouver face à moi-même, encore plus si celle-ci était un mangemort. Enfin bref.

"- Je vais très bien je vous remercie ! Et vous comment allez-vous ? "

Sirius sourit à la jeune femme quand celle-ci le reconnut. Elle posa son livre et lui répondit avec beaucoup de douceur, un traitement qu’elle n’avait probablement jamais accordé à son autre lui-même. Sirius était persuadé que son double lui ressemblait plus que ce que la plupart des gens qui le rencontrait pourraient penser. Mais l’autre Sirius n’avait probablement pas connu Azkaban et la trahison de Peter. C’étaient des choses qui l’avaient endurci et qui l’avait rendu plus sérieux. Un maraudeur restait toujours un maraudeur, mais il était un maraudeur un peu cassé, il fallait bien l’admettre. Cela dit, il ne renonçait pas.

« Je vais bien, peu de choses pour s’occuper ici, mais on fait avec. »

Il s’approcha d’elle et s’assit dans le canapé à-côté d’elle. Il regarda pensivement devant lui. Quand il pensait à la façon dont le sort de ses amis avait influencé son monde, il se demanda ce que c’était de grandir dans un monde dans élu, sans un Harry Potter tristement célèbre, sans un élu, mais avec un Seigneur des Ténèbres dangereux et machiavélique que rien ne pouvait arrêter. Sirius se tourna vers Fenella et lui formula ses pensées.

« Quand je pense que dans votre monde, vous n’avez jamais entendu parler de Harry, alors qu’ici il est connu par le monde de la magie tout entier ! C’est déroutant. »

« Vous avez de la chance. Moi, je n'ai pas le temps de m'ennuyer, je suis toujours occupée à faire une chose ou une autre, mais ça vient sûrement de mon caractère. Je n'arrive pas à tenir en place. »

Lui répondis-je, avec le sourire, en riant légèrement. C'était vrai, j’étais une vraie pile électrique surchargée, que ce soit dans mon enfance ou maintenant. On ne cessait de me le dire et me faire la remarque, dans le bon sens, bien-sûr. Certaines personnes auraient aimé avoir autant d’énergie que moi et je le leurs répondais toujours que je leur en donnerais bien un peut s’ils voulaient, malheureusement c’était impossible.

Par la suite, l'homme vint s'installer à mes côtés pour continuer à discuter avec moi, me faisant pas que le mélange de leur deux mondes était étrange et perturbant pour lui. Il n’était pas le seule et je le comprenais.

« Je vous comprends. Jusqu'à aujourd'hui, je n'aurais jamais imaginé et pensé que des univers étaient parallèles au nôtre et qu'un jour, l'un d'eux allait se mélanger au mien ! On me l'aurait dit, je ne l'aurais jamais cru, quoi que, dans notre monde et univers de magie, il ne faut s’étonner de rien ! »

L'ancien maraudeur me fit aussi part que le fait que, dans mon monde, il n'y avait pas de Harry Potter était étrange à imaginer pour lui alors que dans le sien, tout le monde le connaissait.

« Pour moi, qu’il n'y ait pas de Harry Potter ne change pas grand-chose. En revanche, ce qui me perturbe plus, c’est qu'il y ait deux Voldemort ou d'autres doubles de personnes que je connais ou croise. Néanmoins, il y en a qui n'ont pas de double ici, tout comme moi, et je dois bien avouer que cela me soulage. Je n'aurai pas croisé ma double démoniaque. Mais je dois bien avouer que cet événement a aussi ses bons côtés »

Lui dis-je en portant mon regard sur lui avec un léger sourire, doux et chaleureux.

« Cela m’a permis de rencontrer de belles personnes, comme vous, par exemple ! »

Sirius avait remarqué que Fenella était du genre à ne pas tenir en place. Elle avait presque pris le contrôle des choses au 12, square Grimmaurd, mais quitte à être sous le contrôle d’une femme, Sirius préférait la jeune pâtissière à n’importe quelle Molly Weasley. Il ne pouvait s’empêcher comment le Terrier survivait aux deux mères de famille endiablées. Il lui sourit en regardant le livre de la jeune femme. Cette activité lui semblait si loin de l’ébullition qui caractérisait Fenella. Cependant, il l’avait trouvée plutôt jolie en train de bouquiner tranquillement qu’il ne regrettait pas qu’elle se soit adonnée à une activité plus calme.

« J’ai pu remarquer que vous teniez difficilement en place, en effet. Mais je trouve ça plutôt mignon. »

Il sourit en la voyant parler des copies. Il savait que ça la troublait de voir des personnes en double. Elle le lui avait dit dès leur première rencontre. Sirius, pour sa part, s’y était habitué. Il avait vu défiler plus de jumeaux au QG que la plupart des sorciers au cours de leurs promenades. Et quand il avait croisé deux fois de suite Severus Rogue, ça avait pour lui suffisamment traumatisé son pauvre cœur de maraudeur pour que plus rien ne lui soit difficile par la suite. Il rougit sous le compliment de la jeune femme et lui sourit en retour.

« A vrai dire, je peux vous retourner le compliment. »

Quand Sirius lui fit part qu’il avait remarqué son hyper activité, cela la gêna légèrement, se disant que cela ne lui plaisait peut-être pas qu'elle ait pris, en partie, les rênes de cette maison. Mais elle détestait l’anarchie et c’était le cas depuis que les deux mondes s’étaient mélangés à l’extérieur, comme à l’intérieur de cette maison. Les deux mères Weasley étaient toutes deux des femmes remarquables. Même si elles étaient similaires physiquement, elle avait pu constater que moralement, elles étaient différentes et pas toujours d'accords, ce qui était mieux. Mais malgré cela, elles donnaient souvent la migraine à beaucoup de monde dans le QG. Voilà pourquoi elle avait décidé de prendre les choses en main, plus ou moins. Cela avait surpris certains et d’autres, non, comme Lily et Severus qui la connaissaient assez pour savoir que cela allait arriver. Mais personnellement, ça ne la gênait pas grand-monde et la maison avait pris une ambiance plus calme et posée, ce qui faisait du bien. Car, malgré tout, comme tout le monde elle avait besoin de cela pour se ressourcer.

Mais quand l'homme lui fit part qu'il trouvait cela mignon de la voir s’agiter dans tous les sens sans s’arrêter, cela la surprit et la fit légèrement rougir, détournant son visage du sien gênée et intimidé e, ce qui était bien la première fois.

« Je....Merci ! »

Quand elle lui dit qu'il était une de ses plus belles rencontres, Sirius se mit légèrement à rougir avant de lui retourner le compliment, ce qui la fit rougir de plus belle en souriant. Elle ne savait pas vraiment pourquoi les paroles et compliments du sorcier la touchait à ce point. C’était bien la première fois. Elle tourna alors son regard discrètement sur le maraudeur, l'observant attentivement en se disant que, comme les Molly , lui aussi était différent du Sirius qu'elle avait connu et côtoyé. Elle l'appréciait plus que celui de son monde qui lui sortait par les oreilles, paix à son âme, mais elle avait envie de découvrir le Sirius Black de ce monde.

« C’est étrange, j'ai l'impression de vous connaître sans vraiment vous connaître… Je sais, c’est bizarre de dire cela. Même si vous avez beaucoup de points communs avec le Sirius que j'ai connu, vous ne l’êtes pas totalement, vous êtes différent de lui et j'avoue que cela m'intrigue et que j'aimerais mieux vous connaître ! Enfin, si vous le voulez ?! »

Sirius sourit de la voir rougir à ses compliments. Il retrouvait en lui le séducteur de Poudlard qui aimait faire vibrer les femmes et qui aimait avoir du succès. Et puis, Fenella était très jolie avec ses joues rosissantes comme ça. Elle était tellement mignonne qu’il se rendait compte qu’elle lui plaisait beaucoup. Et il eut un regard un peu fripon, avec ce ton du jeune homme qui tenait à faire vibrer une femme. Et il lui dit de sa voix douce et tendre, comme il savait si bien la prendre, ce qui lui venait en pensée à la voir ainsi.

« Vous êtes tout particulièrement jolie quand vous rougissez ainsi. »

Fenella le compara un peu au Sirius de son monde et plus il y pensait, plus Sirius songeait que c’était les déboires qui l’avait connu qui l’avait changé et rendu plus sérieux. Il se demanda s’il était prêt à lui révéler le secret de son existence, mais il avait envie de lui faire confiance. Il s’humecta les lèvres, nerveusement, et alla s’asseoir sur le fauteuil d’en face, le regard tourné vers le mur. Il n’osait même pas la regarder tant il craignait de se trahir en lui laissant voir la souffrance dans ses yeux. Il savait pourtant qu’elle allait probablement être très difficile à cacher.

« Dans votre monde, il n’y a pas eu de James et Lily. Pas de Harry. Pas de prophétie, probablement, ou alors elle était différente, je ne sais pas. Quoi qu’il en soit, Lily et votre Severus n’ont probablement jamais eu à se cacher. Dans mon monde, James et Lily se sont cachés et c’est Peter… Peter qui les a trahis. Mais c’est moi qu’on a accusé. C’est moi qui aie passé douze ans à Azkaban. Et c’est moi qui suis aujourd’hui hors la loi parce que je me suis échappé pour protéger mon filleul des mains du traître qui a vendu mon frère et sa femme au pire démon que cette terre ait porté. »

Il osa alors croiser son regard avant de conclure.

« Je crois que c’est le genre de choses qui change un homme. »

Je ne pus m’empêcher de rougir à nouveau, de plus belle, face au compliment de Sirius. Décidément, je crois que personne n'avait réussi à me faire rougir, ni intimidée comme cela de toute ma vie.

« Merci ! »

Sirius choisit de répondre à mes interrogations sur lui et de me dévoiler son histoire et son passé troublé. L'homme plongea dans un mutisme total avant de se lever et de prendre place sur le fauteuil en face de moi pour me faire face. Je pus constater et lire dans ses faits et gestes une gêne, une tristesse et une douleur qui me surprirent et me touchèrent au plus profond de mon être. Car ce regard, je le connaissais bien. Je l'avais moi-même eu et ressenti quand j'avais perdu mes parents à cause de Voldemort et ses sbires. Il tourna son regard vers le mur, sans me regarder, moi. Il se mit alors à me parler de sa vie ici, de James et Lily et de leur fils Harry, dont il était le parrain, alors que chez moi, Lily était avec Severus et avaient eu une fille ensemble dont j’étais moi-même la marraine.

Cependant, contrairement à Harry, Eileen n’était pas l'enfant d’une prophétie, n'avait pas perdu ses parents ni vécu tout ce que le jeune ado avait vécu et supporté toute ces années. Tout comme Sirius, qui, non seulement avait perdu son meilleur ami et frère de cœur ainsi que sa femme Lily, mais il avait été accusé à tort de leurs morts car il avait été victime d'un coup monté dû à Peter, qui l'avait envoyé tout droit à Azkaban, durant douze longues années. Il finit par s'enfuir pour sauver et protéger son filleul de cet homme et ce traître qui était toujours en liberté et qui l'obligeait à se cacher comme un fugitif jusqu'à ce qu'on le retrouve et que la vérité soit révélée au grand jour, ce qui le lui permettrait de regagner sa liberté et reprendre une vie normale.

J’étais restée silencieuse et attentive à la moindre de ses paroles, au moindre de ses mots, qui sortaient de sa bouche, qui me surprirent, me choquèrent même, et me donnèrent beaucoup de peine. Je voyais bien, dans son regard, que tout cela l'avait brisé. Non seulement il avait perdu ses plus proches amis, mais il avait été trahi par l'un d’eux et avait croupi en prison pendant des années à la place d'un autre alors qu'il était innocent. Il y avait de quoi devenir fou et en vouloir au monde entier.

Je comprenais sa douleur, du moins en partie, pour la perte d’êtres chers. Par contre, la trahison et la prison, je ne pouvais que l'imaginer. Dans mon monde, la bande des maraudeurs étaient restés soudés et se battaient avec l'Ordre du Phœnix pour éliminer au plus vite Voldemort. Mais malheureusement, au jour d'aujourd'hui, il ne restait plus que James et Peter, tout comme dans l'autre monde, il ne restait plus que Sirius et Remus. Quand son regard croisa le mien pour la première fois, en me disant que tout cela changeait obligatoirement un homme. Je me levai sans un mot avant de m'avancer vers lui et de m'agenouiller pour poser mes mains sur les siennes avant de plonger mon regard triste et compréhensif dans le sien et de lui dire, de la voix la plus réconfortante possible :

« Je suis vraiment navrée de tout ce que vous avez dû endurer et vivre durant toutes ces années. Je ne peux que l'imaginer et encore, je n'ai jamais était trahie de la sorte, ni était envoyée à  Azkaban, mais je me doute bien que cette prison est l'enfer sur terre. Par contre, tout comme vous j'ai perdu des êtres qui m’étaient chères et que je ne reverrais jamais à cause de Voldemort de ses pantins. Enfin, ce n'est guère important, mais je vous promets que, tout comme Voldemort, je ferais payer Peter pour ce qu'il vous a fait ! »

Lui dis-je, dans un regard et une voix remplis de détermination et de courage en serrant ses mains dans les siennes.

« En attendant ce jour, vous pouvez compter sur moi en tant que nouvelle amie. Je comprendrais fort bien, après tout ce qu’il vous est arrivé, que vous ne me fassiez pas confiance. De plus, nous venons à peine de nous rencontrer et apprenons tout juste à nous connaître, mais vous avez déjà tant fait pour moi en si peu de temps. Alors comptez sur moi pour vous aider et vous épauler à mon tour ! »

Fenella montra beaucoup de compassion et d’empathie à l’égard de Sirius qui en fut touché, même s’il ne se sentait pas particulièrement content d’avoir partagé ça avec quelqu’un. Il craignait de se sentir faible et vulnérable et il avait horreur de ça depuis son adolescence, depuis que se montrer faible donnait du pouvoir sur lui à son père. De plus, Fenella était la meilleure amie de Severus en même temps que de la Lily de son monde et si elle cherchait à se jouer de lui, il venait de lui donner les meilleures armes qu’il pouvait lui offrir. Il se demanda pendant un instant s’il avait eu raison.

Mais ses doutes s’estompèrent complètement quand Fenella lui apprit qu’elle-même avait perdu des êtres chers et quand elle lui promit de faire payer à Peter ce qu’il lui avait fait. Il ne pouvait pas nier qu’il en voulait à son ancien ami et qu’il était prêt à se venger s’il en avait la possibilité, mais il ne permettrait pas qu’une innocente prenne trop de risques pour lui. Surtout qu’il devait bien avouer qu’il s’était beaucoup attaché à elle depuis qu’elle vivait avec lui. Et Peter était un lâche, capable des pires bassesses. Il n’hésiterait probablement pas à s’en prendre à une femme.

« Vous êtes gentille, mais je ne voudrais pas que vous soyez blessée par ma faute. »

Il fut touché par sa proposition d’amitié. Il ne comptait que sur les doigts d’une seule main les personnes en qui il pouvait avoir vraiment confiance et qui avaient diminué depuis la mort de James et Lily. Il imaginait que ce nombre pourrait augmenter un peu étant donné que la population avait probablement doublé. Cependant, il ne pouvait pas facilement faire confiance à quelqu’un qu’il ne connaissait pas encore bien, et il ignorait s’il pouvait faire totalement confiance à Fenella. Il fallait faire beaucoup pour réussir à le convaincre qu’on pouvait l’aider. Il savait qu’il n’était pas facile à vivre mais c’était ainsi et il n’y pouvait rien.

« Je vous remercie de votre offre, mais je ne suis pas quelqu’un qui se confie facilement. Pour le moment, je pense que vous ne pourriez rien faire de plus que ce que vous faites d’ores et déjà en rendant mon quotidien infiniment plus agréable. »

Quand Sirius me remercia de sa proposition avant de la décliner, ne voulant pas que je sois blessée à cause de lui, je me mis à lui sourire doucement. Cela me touchait qu'il s'inquiète ainsi pour moi et me faisait même plaisir.

« C’est très gentil de votre part de vous inquiéter pour moi, mais rassurez-vous, cela ne me fait pas peur, bien au contraire ! » Lui dis-jen avant de prendre un air plus grave, sombre et sévère. « Quand j'ai décidé de rejoindre l'Ordre du Phœnix après la mort de mes parents par les Mangemorts et leur maître, j'étais anéantie, mais je me suis jurée de me venger d'eux, tous autant qu'ils sont, quitte à donner ma vie pour cela ! » Je posai mon regard dans le sien. « La mort ne me fait pas peur, monsieur Black, et donner ma vie pour permettre de construire un monde meilleur pour les générations futures me semble une cause assez juste pour se sacrifier corps et âme à celle-ci. »

De plus, je n'avais plus de famille, à part certain de mes amis comme Lily ou Severus. Personne ne pleurerait ma disparition et ma mort. Qui sait, j'aurais peut-être mon nom gravé sur une stèle avec des centaines d'autres qui se seront battus et sacrifiés pour la cause, à construire un monde meilleur en anéantissant Voldemort et ses sbires. Je n'avais aucune attache, pas d'homme dans ma vie, ni d'enfants et encore moins de vie privée, alors autant la donner à cette cause.

Par la suite, le sorcier me remercia de son offre d’amitié qui le touchait, mais il n’était pas homme à se confier. Il me dit que je ne devais pas le prendre mal, ou pour moi, car il était ainsi avec tout le monde. Il me dit aussi qu'il ne voyait pas ce que je pourrais faire de plus que ce que je ne faisais déjà car j’avais rendu sa condition plus agréable à vivre depuis son arrivée. Cela me fit sourire et me toucha une nouvelle fois au cœur. En lui souriant, je le lui dis :

« Je vous remercie, mais ce n'est vraiment pas grand-chose, ce que je fais et je le fais avec plaisir. Quant à vous confier à moi, rassurez-vous, je ne vous oblige à rien. Mais je tiens à ce que vous sachiez que je serais là pour vous écouter si besoin est. Je sais qu'il n'est pas évident de donner sa confiance a quelqu'un et de lui parler encore plus par les temps qui courent. On a toujours peur de se faire piéger sans savoir si le voisin est un ennemi ou un allié ! »

Lui dis-je, dans un regard et une voix légèrement tristes et peinés, avant de me reprendre en secouant légèrement la tête pour chasser mes idées noires, comme je le faisais à chaque fois.

« Par contre, je pense qu'il est plus judicieux pour moi de vous prévenir que dans mon monde, seuls James et Peter sont encore en vie, tout comme vous, ici ou il ne reste plus que vous et Remus. Mais je vous rassure tout de suite. Le Peter de mon monde est pour la cause de l'Ordre du Phœnix, tout comme James et les autres l’étaient. Je suppose que vous avez aussi beaucoup d’interrogations et je suis prête à y répondre quand vous le souhaitez.

C’était très courageux de la part de Fenella de n’avoir pas peur des conséquences pour sa vie. Mais c’était tout à fait digne de la Gryffondor qu’elle était, il fallait bien l’avouer. En revanche, il trouvait que nulle cause ne valait le sacrifice d’une vie. Il fallait d’abord vivre et oui, se battre pour ce qui était juste, mais pas se sacrifier gratuitement. Sirius avait déjà perdu bien trop de personnes pour accepter que l’on en sacrifie gratuitement d’autres. Il était probable que Fenella pense comme ça à cause des pertes qu’elle avait subies. Mais elle méritait bien mieux que cela, bien mieux que de mourir pour les autres, que d’être seulement de la chair à canon.

« Aucune cause ne mérite qu’on meure pour elle, Fenella. Aucune. La vie est sacrée. Bien entendu, parfois quand on se bat, il y a des morts, mais il faut l’éviter si on le peut. Je serais bien triste d’apprendre qu’une jeune femme aussi gentille et courageuse que vous l’êtes n’a plus de goût à la vie. Croyez bien que je me ferai alors un devoir de vous le redonner. »

Elle n’avait peut-être pas l’impression de faire beaucoup, mais elle avait redonné une âme à cette maison et lui avait permis de perdre un peu de cette austérité que Sirius lui trouvait depuis tellement longtemps. Il parlait de redonner goût à la vie, mais c’était exactement ce que la jeune femme avait fait pour lui en s’installant ici. C’était la première fois que quelqu’un s’occupait un peu de lui de cette façon et cela lui faisait beaucoup de bien. Avec la petite Ofelia qui s’était aussi installée avec eux, Sirius avait quasiment l’impression d’avoir retrouvé un foyer. Cela lui faisait le plus grand bien.

« Vous me donnez pourtant l’impression d’avoir un foyer et de ne plus être simplement un intrus dans la maison d’une famille qui n’a jamais voulu de moi. Et puis, vous avez fait beaucoup de bien à la petite Ofelia, qui vous aime beaucoup et s’est épanouie à votre contact. Non, ma chère, ce que vous faites ici n’est vraiment pas rien, c’est d’importance. »

Son cœur manqua un battement quand elle lui dit que James était encore en vie et que Peter n’était pas un traître. La pensée que son meilleur ami puisse être vivant lui était tellement précieuse. Sirius savait qu’il ne serait pas exactement le même James que celui qu’il avait vu mourir. Mais la simple pensée de retrouver son ami, même sous une autre forme lui était tellement un espoir. Il eut envie d’en savoir plus. Quant à ce Peter, le jeune homme ne savait pas comment il pourrait le considérer. Il n’était pas un traître, mais pourrait-il s’empêcher de voir derrière le reflet qu’il aurait de son ancien camarade pour reconnaître en Peter le vrai maraudeur qu’il était ? il n’en était pas sûr.

« James… est en vie ? » balbutia-t-il.

Me redonner goût à la vie ? Je ne savais pas si cela était possible ou non, depuis la perte de mes parents et de mon meilleur ami, Remus et voyant toutes ces disparitions, sacrifices, mort, je l’admis, une partie de moi était morte avec eux. Mais l'autre refusait de renoncer et s’acharnait dans le travail et dans sa mission, pour ne plus y penser et souffrir. Je prenais moins de plaisir dans mon travail qu'au début, mais je continuais à le faire à la perfection et de me lever tous les matins pour cela, même si, à-présent, mes faits et gestes étaient plus robotisés et programmés qu'autre chose.

Mais, depuis le mélange des deux mondes, ma vision des choses avait légèrement changé, surtout depuis que je m’étais installée ici, dans la demeure des Black. Avec Sirius et la petite Ofelia, j'avais retrouvé un semblant d’équilibre et de famille. Une famille que je rêvais d'avoir et imaginé étant enfant avec un mari, des enfants et mes parents. Mais depuis, ce rêve s’était brisé. De plus, vu la situation actuelle, il n’était pas évident de rencontrer et construire un relation de couple avec quiconque.

Je n'avais jamais eu réellement de petit copain à proprement parler, juste quelques flirts qui n'avaient mené à rien, à part me décevoir et me dégoûter de la gent masculine qui cherchait une femme parfaite ou à l'esprit faible, à modeler comme il le souhaitait ou juste pour une histoire d'un soir. Moi, je n’étais pas comme ça et n'avait pas cette mentalité. Je rêvais d'un homme qui m'aimerait et m'accepterait telle que je suis, avec mon sale caractère, mes qualités et mes défauts sans vouloir me modeler et me changer. Je cherchais sûrement ce qui n'existait plus, de nos jours, dans cette société de consommation, de crainte et des peurs perpétuelles. Un prince charmant des temps anciens et modernes qui serait tendre, doux, affectueux, protecteur, un peu jaloux mais pas trop, qui pourrait me surprendre et me faire rire tous les jours avec des attentions et blagues pourries mais qui m'amuseraient et surtout, un homme qui me ferait me sentir entière et femme.

Enfin bref, j'avais fait une croix, là-dessus, depuis la perte de mes proches et que j'avais rejoint l'Ordre, prête à donner ma vie pour la cause car, à présent, je n'avais plus rien à perdre. Malgré les serments et paroles de Sirius, qui me surprirent et me touchèrent en me disant qu'il était prêt à me redonner goût à la vie avant de me faire part et de m’énumérer ce que j'avais déjà fait pour lui et Ofelia depuis que je les avais rejoints. Je devais bien avouer que ses paroles me surprirent, me touchèrent droit au cœur et me firent légèrement sourire et rougir.

«  Je ne sais pas quoi dire à part merci ! Vos paroles me vont droit au cœur. J’apprécie énormément de vivre ici et de pouvoir m'occuper de la demeure ainsi que d'Ofelia et de rendre votre vie ici un peu plus confortable et agréable ! Je dois bien avouer qu'avec vous et la petite Ofelia, j'ai l'impression d'avoir trouvé une nouvelle famille. »

Avant le mélange des deux mondes, je vivais seule, recluse dans ma maison, sans personne. Et quand je me suis retrouvée à partager celle-ci avec une famille, malgré leur gentillesse, je ne pouvais le supporter car cela me rappelait trop mes parents. Voilà pourquoi j'avais décidé de partir et de leur laisser la maison. Je n'aurais jamais imaginé qu’en si peu de temps, ma vie serait à ce point bouleversée par un simple coup donné à une porte.

Quand j’annonçai au sorcier que James et Peter étaient toujours en vie dans mon monde, cela surprit et choqua grandement celui-ci dont je lus les émotions, de joie et de trouble dans son regard et sa voix quand celui-ci me demanda si cela était vrai que son ami James était vivant.

«  Oui et malgré qu'il se soit un peu assagi avec le temps, il reste toujours le petit merdeux d'autrefois que je me fais un plaisir de corriger et remettre a sa place quand il va trop loin ! » Lui dis-je dans un sourire fier et malicieux. « Malgré tout ce temps, il sait qu'il vaut mieux qu'il se tienne à carreau devant moi ! »

Sirius fut heureux des paroles de Fenella et lui offrit un grand sourire et hocha la tête avec joie quand elle lui dit avoir trouvé une nouvelle famille auprès de lui et d’Ofelia. Il était heureux qu’elle se sente chez elle ici, comme elle lui faisait se sentir chez lui. Finalement, c’était une bonne collaboration entre eux. Le jeune homme se demanda comment les choses allaient évoluer, mais il décida que pour le moment, il fallait prendre les choses du bon côté. Il fallait essayer de trouver du courage et de l’espoir dans la moindre petite parcelle qu’on pouvait recueillir. C’était essentiel.

Il songea alors que la jeune Fenella avait dû passer par bien des déboires pour en arriver à vouloir autant se sacrifier pour les autres. Il se demanda ce qu’elle avait vécu et puis, surtout, il s’interrogea sur tout ce qu’elle avait connu dans sa vie. A la fois curieux d’elle et intéressé, il était persuadé que savoir comment les choses s’étaient passées pendant sa vie l’aiderait à comprendre mieux les nouveaux venus, dont une partie allaient venir régulièrement dans cette maison et qu’il devait donc apprendre à connaître. Ce serait mieux pour être sûr que tout allait bien se passer.

« Fenella, et si vous me parliez un peu de vous et de ce que vous avez vécu ! »

Sirius fit la moue quand Fenella insulta James. Elle n’avait peut-être pas conscience de la portée de ce mot, mais le jeune homme n’aurait jamais laissé son meilleur ami se faire insulter de la sorte quand ils étaient à Poudlard ensemble. Il fronça un peu les sourcils et son ton se durcit un peu quand il répondit à la jeune femme. Il l’aimait bien mais sa loyauté envers James, ou son double en l’occurrence, était plus forte que tout. Il ne laisserait pas passer ce genre de choses, ni maintenant, ni jamais. Fronçant les sourcils, il détourna son regard et dit d’un ton dur :

« Je vous prierai de ne pas utiliser d’insultes en parlant de mes amis, ou de leur double. Je n’apprécie pas ce genre de propos, surtout à-propos de James. Mon James était comme un frère pour moi, qui m’a accueilli quand j’ai dû m’enfuir de chez moi. Son double ne doit pas être si différent de lui et je vous demanderai un minimum de respect en parlant de lui. »

Il se calma un peu. Il ne voulait pas blesser Fenella mais l’intolérance lui semblait de plus en plus insupportable avec le temps qui passait, principalement quand elle s’accompagnait de violences verbales comme physiques.

« Je suis conscient que nous nous sommes comportés comme de vrais imbéciles à l’époque de Poudlard et je suis persuadé que nos doubles n’ont pas été beaucoup plus faciles à vivre. Je peux comprendre qu’ils vous ai mise en colère. Mais je regrette, je ne peux quand-même pas accepter les insultes. »

Parler de moi ? Cette demande me surpris grandement et me mit un peu mal à l’aise. Je n'aimais guère parler de moi. Les seules personnes qui savaient tout sur moi étaient Lily, Severus et Remus qui n’était plus là aujourd'hui, et qui étaient les seules personnes qui pouvaient comprendre ce que je traversais réellement dans ma vie. Malgré mon appréhension et ma gêne, j’étais prête à me dévoiler un peu plus au sorcier, comme lui avait fait avec moi, mais je ne savais par où commencer.

« Je… Je ne parle guère de moi, d'habitude… De plus, je ne saurais pas par où commencer... Vous n'avez qu'à me poser des questions… Et je verrais si je peux y répondre ou pas ! »

Quand je parlai de James au sorcier, en le traitant de sale morveux, celui-ci se referma automatiquement et prit un air plus dur et froid avec moi, avant de me faire la morale, me demandant de ne pas insulter ses amis de la sorte devant lui. Qu'ils soient de son monde ou du mien.  Ce qui, je dois bien l'admettre, me surprit et me renfrogna aussi un peu. J’étais sur le point de lui répondre sur le même ton quand il me fit part de ce que son James avait fait pour lui quand il s’était enfui de chez ses parents.

Cette révélation eut pour effet de faire retomber ma colère et me surprit à nouveau. Car le James de mon monde avait fait la même chose avec Sirius. C’était bien la seule chose pour laquelle je le respectais car nous savions tous ce que vivait le jeune sorcier dans sa famille. Mais malgré tout, les tensions entre nous restaient tout-de-même élevés, surtout quand ils s’en prenaient à Severus et qu'ils tentaient par tous les moyens de le discréditer à nos yeux, à moi et Lily.

James le poussait à bout pour qu'il fasse une erreur qui lui permettrait de s'accaparer Lily dont il était fou amoureux, contrairement à elle qui n'avait que de l’amitié pour lui. Elle était beaucoup plus proche de Severus. Il avait presque réussi son coup quand, pour la énième fois, James et sa bande l'avait humilié. Moi et Lily étions intervenues. Je ne comptais pas laisser James gagner et s’en tirer comme ça.

Depuis ce jour, j'en voulais énormément à James que je me faisais un malin plaisir d'humilier en secret, pour lui donner une bonne leçon de vie et qu'il se mette un peu à la place de Severus. Je devais bien avouer que je prenais un malin plaisir à le faire, même si ce n’était que minime, ce  que je lui infligeais par rapport à ce qu'il avait fait durant toute ses années à Severus.

Malheureusement, Sirius l'avait découvert et on s’était disputés et battus, pas avec nos baguettes, mais avec nos poings. On en était sortis bien amochés, l'un comme l'autre, car je n’étais pas du genre à me laisser faire. Lily et Remus avait tenté de calmer le jeu et la tension entre nous, mais c’était peine perdue. Nous évitions de nous parler et de nous fréquenter jusqu'à la fin de l’année après cela.

Quant à Peter, lui, préférait rester à l'écart de tout cela et il avait bien réussi, à part suivre ces deux-là comme un chien devant leurs maîtres. Il n’était pas très futé et ne savait faire grand-chose. Le seul à qui mon altercation avec Sirius avait plus c’était Severus, avec qui j'en plaisantais souvent, en dehors de la présence de Lily qui, elle, n'avait guère été satisfaire de ce dénouement et surtout de me voir me battre ainsi avec lui. Elle avait aussi été mécontente qu’il ait osé frapper une fille, encore plus sa meilleure amie et protégée.

Après avoir quitté Poudlard, chacun continua sa route jusqu’à ce que nous nous retrouvions tous membres de l’Ordre du Phœnix. Mais malgré toutes ces années, la tension entre nous n’était guère retombée. Mais j'avais d'autres choses à penser et à m'occuper qu'eux. J'avais un objectif et c’était d’éliminer Voldemort et ses sbires pour ce qu'ils avaient faits à mes parents en les exécutant pour l'exemple. Depuis ce jour, je m’étais renfermée sur moi-même et était devenue froide, distante et secrète. J’étais prête à tout pour pouvoir venger mes parents et gagner en puissance, pour éliminer mes ennemis et j'avais déjà fait le premier pas pour cela. Donc, seuls étaient au courant mes trois meilleurs amis, enfin plus que deux maintenant. Enfin pour l'instant, ça n'avait guère d'importance.

Après les remontrances de Sirius, je déposai mon regard sur la couverture de mon livre, fermant les yeux avant de soupirer légèrement.

« Je suis désolée, Monsieur Black, je comprends ce que vous voulez dire. James a fait exactement la même chose avec le Sirius de mon monde à l’époque. C’est bien la seule chose qu'il ait fait de bien durant ses études et je respecte ce qu'il a fait pour vous, car nous savions tous quel était son enfin vos vies et calvaires dans votre famille et je dois bien avouer que j’étais triste et peiné que vous viviez une telle vie. Le fait est que j'ai reçu beaucoup d'insultes à l’époque, dues à mon rang de moldu, ce qui n’était rien par rapport… Enfin… Vous devez aussi comprendre que ma relation avec eux n’a jamais été facile et qu’elle l'est toujours au jour d'aujourd'hui, cependant. » dis-je, en rouvrant les yeux remplis de détermination et de colère, en serrant les point sur mon livre. « J'ai des projets plus importants que ces gaminerie et ces rancunes d'un autre temps. »

Fenella ne semblait pas plus encline aux confidences que lui. Il allait falloir du temps pour qu’ils apprennent à faire connaissance à ce rythme. Mais Sirius était déterminé à ce qu’ils puissent partager des choses. Il avait envie d’en apprendre plus sur Fenella et sur le monde duquel elle provenait. Il se demanda à quel points leurs univers étaient semblables et différents, et il s’interrogeait. Il avait envie d’en savoir plus. Fenella le poussait à lui poser des questions et il se décida à lui en poser pour en savoir plus. Finalement, c’était peut-être la meilleure chose à faire, pour savoir ce qu’il voulait.

« Eh bien j’aurais voulu que vous me parliez de vos expériences à Poudlard. Comment c’était pour vous l’école ? Et avec vos camarades de l’époque ? »

Il voyait bien à son visage que ses remontrances n’avaient pas plus à Fenella mais s’il y avait bien une chose sur laquelle on ne plaisantait pas, c’étaient les insultes à ses amis. Sirius ne supportait pas cela, et il fallait que la jeune femme le comprenne si elle voulait vivre sereinement avec lui. Cependant, en l’écoutant, il eut soudain le sentiment que son propre comportement n’avait pas été des plus honorables envers Severus et qu’il ne pouvait effectivement pas s’attendre à de la clémence s’il ne faisait pas lui-même un minimum d’efforts.

« Je reconnais que nous n’avons pas toujours été des plus aimables avec Severus. Voyez-vous, Fenella, quand on a grandi dans une famille de mages noirs comme la mienne, et qu’on est un adolescent idiot, tout signe de magie noire vous fait immédiatement horreur. Quand ce garçon nous a tourné autour tout en ayant les comportements caractéristiquement mauvais de ma famille, je n’ai pas pu m’empêcher de le rejeter. Pour James, c’est encore différent. Je suppose qu’il était jaloux. Nous étions tous bien maladroits, mais comme vous le dites vous-même, l’heure n’est plus aux vieilles rancunes, nous avons bien mieux à faire désormais. »

Ma scolarité et mes expériences et amis ? Ouh là, il avait pas peur de me poser ce genre de questions ? Une fois de plus, j’étais gênée par ses questions qui n'en étaient qu'une seule à la base. Je pris une profonde inspiration avec de me lancer, faisant attention aux mots que j'allais employer et le lui dire, en plus de mes souvenirs et fréquentes altercations entre lui et sa bande.

«  Eh bien, comme vous le savez déjà, je suis très proche de Lily et Severus et, dans votre groupe, le seul que j’appréciais et qui était mon ami était Remus. C’était mon meilleur ami dans les Gryffondor, avec Lily. Étant plus jeune de deux ans, je les considérais tous deux comme les frère et sœur que je n'avais jamais eu, sans oublier Severus bien-sûr. Après, je n'avais pas vraiment d'amis à proprement parler comme eux. Je m'entendais à peu près avec tout le monde, sauf certaines personnes… J'ai rencontré Lily et Severus dans le Poudlard Express, durant ma Première Année, je me suis retrouvée dans la même voiture qu’eux et on a fini par sympathiser. Quand je rejoignis les Gryffondor, Lily m’a tout de suite prise sous son aile et nous sommes très vite devenues les meilleures amies du monde. Ce fut à peu près similaire avec Severus, mais ça mit tout de même un peu plus de temps. Pour Remus, il était venu prendre ma défense contre une bande de Serpentard qui cherchaient à m’intimider, une nouvelle comme moi. Même si je ne me laissais pas faire et n'avais pas la langue dans ma poche, ça a commencé à dégénérer et il est venu à mon secours et m’a sortie des mains de ces brutes. Nous avons, par la suite, apprit à nous connaître et la suite fut identique à celle avec Lily et Severus. Remus m'avait présentée à ses amis, donc James, Sirius et Peter, mais comme on dit quand le courant ne passe pas, il ne passe pas. Surtout avec Sirius et James. Inutile de vous expliquer pourquoi, je pense que vous le devinerez seul. Que dire d'autre ? J'ai vécu une scolarité plutôt agréable à Poudlard, j’étais plutôt bien appréciée et studieuse dans mes études. Tout me fascinait et m’intéressait et, quand j'avais du mal dans une matière, Lily, Remus et Severus faisaient de leur mieux pour m'aider et m'expliquer. A part certains Serpentard qui m'insultaient et me cherchaient continuellement, j'ai passé plutôt des études agréables. »

Par la suite, le sorcier me fit part de comment il voyait les choses, à l’époque, concernant Severus, et sa famille de Mangemorts mais qui était loin de la vision de James qui, en plus, s’en prenait à Severus par jalousie, concernant ses sentiments pour Lily. Ça, au moins, c’était à peu près similaire à mon propre monde. Je comprenais le point de vue de Sirius, même si je ne l'acceptais pas entièrement.

«  Je comprends. Cependant, je n'accepte pas qu'on jette la pierre sur les personnes qui me sont chères, encore plus quand on ne connait pas leur vie et leur histoire. Certes, Severus avait certains torts, mais qui n'en a pas ? Qui peut se permette de dire qu'il et blanc comme neige ou noir corbeau ? Chaque individu a une part des deux en lui. Exemple, vous, on vous a attribué les pièces de l’échiquier noir alors que vous étiez blanc, comme à votre Peter, on lui a attribué les pions blancs alors qu'il était noir. Pour Severus, c’était pareil, parce qu’il traînait avec des élèves douteux de sa maison et qu'il était Serpentard, on l’a tout de suite mis dans les pions noirs, alors qu'il ne l'est pas. Il n’était pas blanc non plus, il était entre les deux, il était gris et personne n’a chercher à comprendre et se demander pourquoi. »

Sirius écouta Fenella lui raconter son adolescence. Il ne fut pas surpris que Remus l’ait protégée. Son Remus l’aurait fait exactement de la même façon. Le jeune homme se demanda comment Fenella s’entendrait avec le seul des Maraudeurs de son monde qu’il restait. Sirius était persuadé que Remus l’accueillerait avec bienveillance et que ses valeurs trouveraient un écho chez le lycanthrope. Fenella pourrait probablement retrouver son meilleur ami sous une certaine forme, comme lui le pourrait probablement avec James. Il fallait encore voir à se rencontrer pour en être sûr, mais le jeune homme était plutôt optimiste à ce sujet.

« Il va falloir que je vous présente à mon Remus, alors », dit-il avec un sourire. « Toutefois, j’en viens à penser que vous êtes probablement une personne déterminante dans la fission entre les mondes. Ho ! Probablement pas la seule, quand on voit l’évolution de votre Voldemort, mais… il semblerait que c’est grâce à vous que Severus à pu conquérir le cœur de Lily. C’est étonnant comme votre simple existence a pu changer les choses. »

Sirius ne se sentait pas vraiment en colère contre le Severus du monde de Fenella. Il n’aimait pas celui de son monde, mais dans cet autre monde, à y voir, Lily semblait heureuse et de plus, c’était ce mariage qui avait préservé la vie de James, puisque c’était pour tuer Harry que Voldemort avait exécuté le maraudeur. Finalement, dans cette logique, Severus lui avait rendu service en épousant Lily et en changeant l’histoire. Et donc, Fenella l’avait fait aussi. Par contre, il n’était pas tout à fait d’accord en ce qui concernait l’analyse de la jeune femme.

« Je ne suis pas d’accord avec vous, enfin pas complètement. Effectivement, je pense qu’il n’y a pas d’un côté les bons et de l’autre les méchants, nous avons tous une part d’ombre en nous. Mais il est clair que Severus avait choisi son camp. Je ne sais pas chez vous, mais il était clairement tourné vers les Forces du Mal et attiré par le pouvoir que Voldemort pouvait lui donner. Même Lily l’a reconnu dans notre monde. Je ne dis pas que j’ai eu raison d’agir comme je l’ai fait, et j’avoue qu’il a tendance à m’irriter par sa simple présence à-cause de tout ce qu’il représente, mais on ne peut pas nier qu’il est quelqu’un d’extrêmement sombre. »

Rencontrer le Remus de ce monde ? Je me dis que cela me ferait aussi bizarre que ma rencontre avec Sirius. J'arriverais sûrement à m'entendre avec lui, comme avec le mien et créer des liens plus ou moins fort. Mais une chose était sûre. Pour moi, ça ne sera jamais mon Remus, du moins pas entièrement. Tous cela était étrange, je détestais le Sirius de mon monde, je m’étais même battue violemment avec lui. Et voilà que je me retrouvais à vivre et discuter avec son double que j’appréciais. J'imaginais la tête du Sirius de mon monde en face de son double en train de le mettre en garde contre moi et de lui conseiller de me mettre au plus vite à la porte, enfin bref.

« Cela serait un plaisir que de rencontrer votre Remus ! »

Le sorcier me dit ensuite que j’étais probablement une personne déterminante dans la fission entre les mondes en me donnant des exemples là-dessus, comme le fait que j'avais poussé Lily dans les bras de Severus et non de James, ce qui leur avait sauvé la vie. J'avouais que ce diagnostic me surprit grandement, que je n'avais jamais songé à cela et que mes faits et gestes aient eu un impact pareil jusqu'à aujourd'hui.

« J'avoue que je n'avais jamais songer à cela et vu les choses sous cet angle, jusqu'à aujourd'hui… C’est bizarre et troublant ! »

Par la suite, il me fit part de son point de vue, concernant mon avis sur le bien et le mal, qui était presque ce que j'avais dit avec quelques différences. Quand il me parla ensuite de son Severus avec sa part d'ombre et de ténèbres, qui avait rejoint Voldemort, tout comme celui de mon monde, je ne pus que prendre un air sombre, triste, gêné et peiné, encore plus, quand il me demanda subtilement si c’était pareil dans le mien. Je fermai les yeux et me mis à soupirer de fatigue et de lassitude, car ce débat n'aurait jamais de fin si on continuait ainsi et je risquerais de perdre mon sang-froid et me fâcher et j’étais lasse de cela.

« Si cela ne vous dérange pas, Monsieur Black, j'aimerais qu'on arrête de parler de Severus, car ce débat ne prendra jamais fin sinon ! Nos Severus sont comme ils sont et en parler pendant des heures n'y changera rien. J'accepte le mien comme il est, peu importe ses choix, tout comme Lily. C’est tout ! »

Sirius hocha la tête avec joie quand elle lui affirma qu’elle serait heureuse de rencontrer Remus. De toute façon, ça se ferait sûrement. C’était un peu moins le cas maintenant, mais de base, Remus venait régulièrement déjeuner au quartier général et il était donc logique de penser qu’il le referait. Ofelia et Fenella pourrait donc le rencontrer à cette occasion. Il était impatient de revoir son vieil ami. Celui-ci avait apparemment totalement récupéré de l’attaque dont il avait été victime mais Sirius ne pouvait pas s’empêcher de continuer à être encore inquiet pour lui. Il aurait bien voulu pouvoir l’accompagner dans ses différentes missions, mais il était encore assigné à demeure.

Il se recentra sur Fenella à qui il exprimait qu’elle devait être un maillon qui marquait une différence entre leurs deux mondes. C’était évident puisqu’elle avait changé le destin de Lily et de Severus. Mais elle ne devait pas être le premier facteur, selon Severus, parce qu’il y avait d’autres différences que simplement Lily et James. Sirius avait pu le constater. Mais il était certain qu’elle avait une influence sur le monde actuel. Sirius se demandait où était le chaînon différent, où leurs mondes avaient divergé. Ils toisa Fenella un instant avant de compléter sa réflexion. Il était curieux de découvrir les différences entre leurs mondes.

« Vous n’êtes peut-être pas le premier maillon de la chaîne », dit-il pensivement. « Mais vous en faites partie. Que savez-vous de votre Voldemort ? Pouvez-vous m’en parler ? »

Sirius fronça les sourcils quand la jeune femme sembla lasse à l’idée de parler de Severus. Il comprit que la jeune femme têtue qu’elle était ne risquait pas de changer d’avis et il allait devoir réfléchir avant de parler de temps en temps. Il ne voulait pas se retrouver à se disputer avec elle, alors qu’ils cohabitaient tous les deux. Il soupira un peu mais il n’était pas question qu’il continue une conversation qui ne lui convenait pas. Ce n’était pas son genre de forcer les choses. Et puis, le sujet n’était pas vraiment des plus plaisants pour Sirius en plus.

« Bien entendu, si c’est ce que vous souhaitez. Mais je tiens à vous dire que c’est une belle preuve de tolérance que vous montrez là et que nous devrions tous prendre exemple sur une telle attitude, moi le premier. »

Voyant que continuer de parler de Severus m'indisposait, le sorcier accepta de changer de sujet en me faisant part, tout de même, son admiration envers moi devant ma tolérance et que lui, comme beaucoup d'autres, devraient me prendre comme exemple. Cela me surprit et me toucha aussi grandement.

« Merci ! »

Décidément, cet homme avait le chic pour aborder les sujets fâcheux et épineux. D'abord, Severus et maintenant Voldemort. Cet homme, ou plutôt ce monstre, était la cause principale de la mort brutale de mes deux parents et il était très difficile d’en parler pour moi, même si j'avais rejoint l'Ordre. D’ailleurs, la seule raison pour laquelle je l'avais rejoint, c’était pour le détruire et l'anéantir à tout jamais et lui faire payer l’exécution de mes parents avec ses Mangemort. Je voulais l'effacer de la surface de la terre, le rayer de l'histoire, qu'on ne se souvienne jamais de son nom et de celui de ses sbires. Cela serait le bouquet final de ma vengeance. Malheureusement, c’était une tâche impossible. On ne pourrait jamais oublier un tel individu, mais malgré cela, je voulais plus que tout avoir sa peau et celle de son organisation. Les faire brûler en enfer.

« Voldemort ?! Je ne sais pas grand-chose sur lui. Contrairement au vôtre, il a un visage humain. J’ai entendu dire qu'il était marié et que celle-ci était mystérieuse et toujours masquée. Personne n’a jamais vu son visage et personne ne sais s’ils ont des enfants ensemble. Mais ce que je peux vous certifier, c’est que je le hais du plus profond de mon être, que je compte bien lui faire la peau. C’est la seule raison qui m’a poussée à rejoindre l'Ordre. Si je n’étais sûre de me faire démasquer, j'aurais demandé à Severus de m'infiltrer en tant que Mangemort pour me rapprocher de lui pour le poignarder dans le dos, une fois le moment venu, même si cela m’aurait coûté la vie. Je ne peux, peut-être pas arriver à mes fins comme ça, mais j'en trouverai une autre et le tuerai de mes propres mains. Je lui ferai payer, à lui et ses sbires la mort de mes parents ! »

Ce jour et ce souvenir étaient un véritable coup de poignard en plein cœur, même si cela faisait presque un an que c’était arrivé. Je n'arrivais toujours pas à m'en remettre. D’ailleurs, qui pourrait jamais se remettre d'avoir était témoin de l’exécution de ses parents en public et direct live comme si c’était un vulgaire film ou une émission de téléréalité ? Je revois encore leurs visages couverts de sang boursouflés par les coups et les sorts qu'on leur avait infligés avant le discours des bourreaux et le sortilège de la mort. J’avais vu la lueur verte sortir des baguettes et se diriger vers mes parents avant qu'ils ne tombent tous deux inertes au sol les yeux grands ouverts et sans vie. Je m’étais effondrée au sol, les yeux grands écarquillés, figés sur place, avant de me mettre à pleurer et hurler de rage, douleur et souffrance. Je revoyais la scène comme si c’était hier et rien que d’y penser, cela me faisait trembler tout entière. Je fermais les yeux et les poings avant de jeter le livre que j'avais sur mes genoux contre le mur en face de moi. Puis, mes yeux commencèrent à se remplir de larmes, tout comme ma voix. Je m’emparai à la va vite d'un des coussins de canapé pour y plonger mon visage dedans et y crier ma détresse et ma souffrance, tout comme mes larmes.

Sirius savait que le sujet de Voldemort n’était pas vraiment un sujet plus facile que celui de Severus, surtout qu’il n’était pas ignorant que la jeune femme avait vécu des choses graves à-cause de son Voldemort, tout comme Sirius l’avait vécu à-cause du sien. Ils partageaient la douleur et la souffrance d’avoir perdu leur famille, elle de naissance et lui de cœur. Voldemort était une plaie dans chacun des mondes et sa cruauté n’avait d’égale que sa soif de pouvoir. Il n’hésitait pas à écraser tous ceux qui se trouvaient sur son chemin. Rien ne pouvait calmer la douleur des conséquences de tels actes.

Mais il devait savoir quelles étaient les différences entre leurs mondes. C’était le meilleur moyen pour comprendre les choses et pour savoir comment les choses avaient évolué et pourquoi. Et il était donc bien obligé pour ça de poser ces questions à la jeune femme. En entendant qu’il n’avait pas cet aspect de serpent, Sirius pensa qu’il y avait des choses que leur Voldemort avait fait que l’autre n’avait pas fait. Peut-être qu’il y avait eu un meurtre particulier dans leur monde qui avait empêché la naissance de Fenella par exemple. Il ne pensait pas que le mariage soit en cause, en revanche.

Par contre, Fenella s’emballa et relâcha toute la colère, mais aussi la douleur et la détresse qui s’emparaient d’elle alors qu’elle repensait aux tristes circonstances dans lesquelles elle avait perdu des êtres chers. Les émotions qui s’emparèrent d’elle eurent raison de son contrôle et elle lâcha son livre avant de fondre en larmes. Peiné et bouleversé par la douleur qui s’exprimait chez Fenella, Sirius s’avança vers elle et lui retira le coussin avec lequel elle était en train d’étouffer sa douleur. Puis, délicatement, il la prit contre lui, la main sur son dos. Il lui permit de laisser son chagrin s’exprimer dans la tendresse d’une étreinte réconfortante.

« Là, là, vous n’êtes pas seule. Je sais ce que c’est de perdre des êtres chers et je connais la rancune et la colère, l’amertume du désir de vengeance. Mais vous n’êtes plus seule aujourd’hui, Fenella. »

Voilà ! Cela devait arriver un jour ou l'autre. Après un an à enfouir tous mes sentiments en moi, je finis par exploser comme une cocotte-minute en ébullition et, pour ne rien arranger, en public devant Sirius. J'aurais tout donné, à cet instant, pour disparaître ou me transformer en souris. J'avais honte de me laisser aller ainsi. La seule personne qui m’ait jamais vue dans cette état était Lily. Et voilà, aujourd'hui, je laissais transparaître au grand jour et sans retenue ma fragilité et je détestais cela, je détestais qu'on me voie aussi faible. Sur ce point-là, Severus et moi étions identiques et quand la pression devenait trop forte, nous nous isolions pour laisse libre cours à nos sentiments, en secret, dans nos cachettes. La mienne était la salle sur demande. Quant à Severus, c’était souvent son cachot dans les oubliettes du château, où il laissait libre cours à ses expériences de sortilège et potions peu recommandables. Seules moi et Lily le savions, comme eux pour moi.

Je me sentais vraiment minable de me comporter ainsi, comme une enfant apeurée. Je n'entendis et ne fit même pas attention à la présence du sorcier qui, me voyant dans cet état, était venu me rejoindre sur le canapé avant de me retirer le coussin des mains et mon visage en larmes, ce qui me surprit et me fit tourner mon regard vers le jeune homme, les yeux légèrement écarquillés. Celui-ci me tira doucement à lui et dans ses bras, avec le plus de délicatesse possible, déposant ma tête contre son torse et ses mains autour de moi, en me caressant doucement le dos, pour m’apaiser avec le plus de douceur et de tendresse possible, ce qui me surprit et me paralysa dans ses bras, sur le coup, pour me faire part de sa compréhension devant ma douleur, ma tristesse, ma colère et mon désir de vengeance. Sirius comprenait mieux que qui quiconque le souvenir et la perte d’êtres chers, qu'il avait vécu et enduré, tout comme moi. Il m’affirmait maintenant qu'il était là pour moi et que je n’étais plus et ne serais plus jamais seule.

Ces simples mots et gestes réussirent à calmer et apaiser un tant soit peu mon cœur trop longtemps figer dans la glace et qui, grâce au sorcier, commençait à fondre, se réchauffer et battre à nouveau, ce qui me fit verser de nouvelles larmes tout en me laissant aller dans les bras de cet homme que j'avais détesté, méprisé et combattu de nombreuses fois durant ma vie. Aujourd'hui, je lui donnais ma confiance et m'abandonnais dans ses bras sans retenue comme une enfant, laissant transparaître ma douleur et fragilité, ce qui pourrait se retourner contre moi. Mais j’étais fatiguée de faire semblant et de me battre contre moi-même et mes sentiments. Pour une fois, une seule fois, et un court instant, j’allais me laisser baisser les armes et profiter de cette étreinte et cette tendresse dont j'avais tant besoin, même si c’était dans les bras de Sirius Black, que je pris, à mon tour, dans mes bras, muette, en laissant couler mes larmes remplies de tous mes sentiments positifs et négatifs sur mon visage et sur la chemise et veste du sorcier, un instant, avant de pouvoir me calmer et reprendre un minimum de convenance.

« Merci... Sirius ! » Lui dis-je, les yeux clos, tout contre lui et dans ses bras.

Je ne m’étais pas rendue compte que je l'avais appelée par son prénom et non monsieur Black, comme j'avais l'habitude de le faire depuis que j'avais emménagé, contrairement à lui qui m'appelait par mon prénom et non mon nom de famille depuis le début.

Au contact du jeune homme, Fenella sembla s’adoucir et finit par se calmer. Elle mit un peu de temps, enlaçant à son tour Sirius et pleurant à chaudes larmes dans ses bras, et le jeune homme prit soin de lui laisser tout le temps de se laisser complètement aller. Quand elle s’écarta de lui et le remercia de sa douceur et de sa gentillesse, Sirius se sentit ému jusqu’au fond de lui-même devant la détresse et l’expression de la jeune femme. Quand il croisa son regard, un sentiment qui ne lui était pas familier s’insinua au fond de son cœur. D’un geste doux, il effaça une larme sur la joue si douce de Fenella, sans pouvoir détacher son regard de celui de la jeune femme.

Il se sentit complètement paralysé par l’émotion qu’il ressentait en regardant la jeune femme dans les yeux. Son cœur battait fort alors qu’il se sentait particulièrement touché par le regard triste et en même temps reconnaissant de la femme qu’il avait accueilli dans sa maison. Il ignorait pourquoi il se sentait tellement touché par elle, d’autant qu’il ne la connaissait pas depuis longtemps. Mais il ressentait une telle envie de poser ses lèvres sur les lèvres de la vulnérable Fenella que cela le fit frissonner. Il ne se sentait pas le droit de le faire sans son autorisation. Se reprenant, il secoua la tête et son regard s’adoucit.

« C’est bien normal. Je comprends votre souffrance et je la partage. Sachez que vous pourrez toujours trouver en moi quelqu’un à qui parler. »

Il se détourna d’elle et de son envie de profiter de la situation, du moins était-ce ainsi qu’il l’analysait. Il s’avança vers la fenêtre et regarda au travers le paysage londonien, s’efforçant d’oublier ce qu’il venait de ressentir un instant auparavant.

« Les temps sont durs et ils ne vont pas s’arranger avec deux mages noirs dans la nature. Ceux qui luttent pour le bien et la justice devraient s’allier et se soutenir afin de toujours faire triompher leur cause. »

Après un moment à m’épancher dans les bras du sorcier, je retrouvai mon calme et le remerciai pour cela. Il me gratifia d’un sourire, sans un mot, avant de se mettre à effacer mes dernières larmes, d'une main douce et réconfortante, plongeant son regard dans le mien, ce qui, je dois bien l'avouer, provoqua en moi un frisson de bien-être et de douceur, ce qui me surprit énormément. Sans me lâcher de son regard intense, Sirius m'affirma que c’était tous naturel et qu'il me comprenait sûrement mieux que quiconque, ce que je pouvais ressentir, pouvant toujours trouver en lui un ami et confident sincère en cas de besoin. Cela réchauffa un peu plus mon cœur gelé et meurtri et me provoqua des chatouillis en bas du ventre que je ne comprenais pas, mais n'y fit guère attention.

« Merci infiniment ! » Lui répondis-je, d’une voix remplie de douceur et de gratitude.

Mon esprit replongea dans mes vieux souvenirs avec le Sirius de mon monde qui me firent légèrement sourire et rire intérieurement, me mettant à comparer ma relation avec chacun des deux hommes qui était le jour et la nuit. Pour l'instant, je ne préférais pas entrer dans les détails avec lui, par peur et crainte de le choquer et le froisser, quoi que je sois persuadée que cela le ferait légèrement sourire et rire en m'imaginant me crêper le chignon avec son double. Par contre, la cause de ces disputes serait sûrement moins drôle et plaisante pour lui.

Après un moment, il rompit le contact visuel et physique qui nous liait pour se séparer de moi. Quand il le fit, une pointe de tristesse et de frustration m’envahit soudainement, mais une fois de plus, je n'y prêtai guère d'attention. Le sorcier se leva et se dirigea vers la fenêtre, plongeant son regard et son attention sur Londres, dos à moi, avant de me faire part que, dans la situation actuelle, et avec deux Voldemort, il valait mieux, pour chacun des deux camps, s'entraider et se soutenir pour gagner la bataille, ce avec quoi j’étais d'accord. Je me levai à mon tour du canapé avant de le rejoindre à ses côtés, plongeant mon attention sur les rues de Londres, et de lui répondre.

« Je suis d'accord avec vous. Mais il ne faut pas oublier de vivre et d’être heureux pour autant malgré la situation actuelle. Je l'avais oublié avant de vous rencontrer. Je ne sais pas de quoi demain sera fait et si je serai encore en vie, mais j'ai compris grâce a vous que je ne veux plus me cacher derrière un masque et un mur pour ne pas souffrir. Ça m’empêche d’êtres moi-même. Quitte à mourir demain, je veux profiter de la vie jusqu'à la dernière seconde, je ne veux pas avoir de regrets le moment venu. »