Deux mondes si différents, et pourtant si ressemblants ! PV Sirius, Fenella

Bien qu’il voulût aider la jeune femme, Sirius ne se sentait pas à l’aise avec les émotions qu’il ressentait au fond de lui-même. Il avait été un coureur de jupons dans son adolescence, mais il n’aimait plus cette partie de lui ou plutôt, il la trouvait très mal adaptée à la situation de conflit et de guerre mêlée à sa propre situation de meurtrier en cavale, même s’il était innocent. Il avait donc l’impression que ses mauvais instincts reprenaient le dessus en lui donnant envie de séduire cette innocente jeune fille. Et il devait éviter d’y céder pour le bien-être de tout le monde.

Sirius n’avait pas assez d’expérience pour comprendre que, touché par la gentillesse et la nature sincère et franche de Fenella, il avait développé des sentiments profonds à son égard, ni que son cœur avait réussi à s’ouvrir sincèrement à la jeune femme. Pour le moment, il avait simplement honte d’avoir envie de la toucher, de l’embrasser et il préférait donc garder ses distances. Pour ce faire, il choisit de reprendre la conversation sur la différence entre les mondes, ce qui pourrait peut-être faire prendre conscience à la jeune femme de l’importance qu’elle revêtait dans les mondes, dans les deux réalités. Il tourna son regard vers elle.

« Je pense que dans votre monde, Voldemort a tué moins de personnes. Il a moins noirci son âme, ce qui justifierait de son apparence. Il a mis de l’importance dans des choses différentes puisqu’il a voulu une femme à ses côtés. Je doute qu’il s’agisse d’amour, il n’en est pas capable, mais il s’agit peut-être de son image, je ne sais pas. En tous les cas, je suis convaincu que dans notre monde, un de vos ancêtres a été tué, et que votre naissance dans votre monde a changé la vie de mon autre moi, ainsi que de ses proches… et les vôtres. Vous êtes importante, Fenella. »

Sirius se remit à me parler des différences entre nos deux mondes, que les choix et décisions des deux mages noirs avaient considérablement changé leur destin à chacun, prenant comme exemple leur visage, tout comme leur choix de vie. Le Voldemort de mon monde avait pris une femme à ses côtés. C’était sûrement pour lui une stratégie, car il n'y avait sûrement aucun amour ni affection ou tendresse entre eux, c’était fort probable. Le sorcier me fit part aussi de sa théorie selon laquelle l'un de mes ancêtres dans son monde avait dû être tué par la mage noir ou une quelconque autre raison et que cela avait sûrement empêcher mes parents de se rencontrer. Une rencontre qui aurait pu aboutir à ma naissance et venue au monde dans cet univers, ce qui était fort probable aussi. Malheureusement, on ne le saura jamais. Il m'affirma aussi que mon existence dans mon monde avait sûrement changé le destin de beaucoup de monde autour de moi et de mes proches, m'affirmant une fois de plus que j’étais un maillon important de la chaîne.

Mais ses paroles et déductions, au lieu de me remonter le moral, me firent beaucoup réfléchir et me perturbèrent énormément.

« Cela voudrait dire qu'à cause de moi, de mon existence, mes parents et proches sont morts ? »

Cette idée et déduction provoqua en moi un violent choc et coup de poignard dans le cœur et le ventre, ce qui me fit me sentir mal. Je m'accrochais au rebord de la fenêtre, le visage baissé et masqué par ma chevelure, les yeux écarquillés et paralysés par la réalité des faits.

« Si cela est vrai, alors je n'aurais jamais dû voir le jour dans mon monde aussi, ainsi mes parents et Remus et les autres seraient encore en vie. »

Quand Fenella crut que c’était à-cause d’elle que ses proches étaient morts, Sirius n’en crut pas ses oreilles. Comment pouvait-elle penser cela ? Ce n’était pas du tout ce qu’il avait dit. Ou plus exactement, elle présumait que ses parents avaient été, dans l’autre réalité, séparés mais vivants. Ce n’était pas du tout ce que Sirius avait sous-entendu, au contraire. Mais maintenant, il lui avait fait de la peine et elle semblait même prise d’une crise de panique ou d’angoisse, ce qui inquiéta Sirius, lequel ne se sentait pas forcément capable de gérer une telle crise tout seul, même s’il allait essayer. Il posa une main sur son dos.

« Du calme, du calme ! »

A bien y réfléchir, toute la tendresse du monde ne pourraient pas réconforter la jeune femme dans un moment pareil, il lui fallait autre chose. Il fallait lui expliquer la réalité. Sa présence avait peut-être eu des conséquences, mais certainement pas celles qu’elle espérait. De plus, toutes celles auxquelles Sirius pensait étaient de bonnes choses. Il ne fallait pas que Fenella continue de voir les choses en noir sinon comment pourrait-elle avancer dans la vie. Ca n’était pas comme ça qu’on construisait sa vie, autour de la destruction et de la peur. Il fallait avancer en ayant conscience de la lumière qu’on avait en soi. C’était aussi parfois difficile pour Sirius lui-même.

« Fenella, ce n’est pas vrai du tout. D’abord, je pense que dans notre monde, vos parents n’ont effectivement pas dû se rencontrer, mais pour la bonne raison qu’ils n’ont jamais existé. Ce n’est pas votre présence qui a causé leur mort, mais leur existence qui a engendré votre présence. »

Il la força à le regarder dans les yeux et effaça de ses joues les larmes qui coulaient, il était déterminé à lui expliquer ce qu’il estimait des influences qu’elle avait eu sur cette réalité.

« De plus, je doute beaucoup que vous soyez le facteur qui a conduit mon double et Remus à la mort. Je croirais plutôt qu’il s’agit, une fois encore, de ce que votre Voldemort a fait, ou de ce qu’il a causé. Par contre, parce que vous avez poussé Lily dans les bras de Severus, ce qui a permis à James de vivre. Et c’est peut-être aussi grâce à vous que Peter n’a pas choisi de trahir, ou par une autre influence, je ne sais pas, mais… vous n’êtes pas porteuse de mort, Fenella, mais de vie. Vous avez sauvé des vies. »

Me voyant dans cet état de choc et de panique, concernant ses dires et déductions, le sorcier en fut profondément troublé et mal à l’aise, car il ne savait comment réagir pour me calmer et m'apaiser face à ses paroles que j'avais mal interprétées. Le voyant tout faire et m'expliquer pour réparer son erreur, ainsi que me rassurer et me consoler maladroitement, mais de façon tellement touchante de sa part, je réussis à m’apaiser légèrement et il me fit légèrement sourire. Son regard qui plongeait dans la mien et sa main qui effaçait mes larmes avec précaution et délicatesse m’apaisèrent et réussirent à calmes mes angoisses et ma panique, sans que je ne l’interrompe un seule fois dans sa nouvelle analyse, à laquelle, je l'avoue, je ne comprenais pas grand-chose. J’étais loin de m'imaginer un Sirius aussi philosophe que lui, ce qui me fit légèrement rire intérieurement.

« J'avoue que j'ai du mal à comprendre tous vos dires, on dirait de la psychologie, vos déductions, mais je pense en retenir l'essentiel. »

Une fois calmée de mon angoisse, je pris une profonde inspiration et expiration pour me détendre, les yeux fermés, pour remettre mes idées en place avant de reporter mon attention sur le sorcier.

« Tout cela est bien compliqué et mystérieux, je pense qu'on n'aura jamais la réponse à ces questions, mystères et interrogations, alors il vaut mieux ne pas y penser et se monter trop la tête avec ce genre de détails. Seul le temps et l'avenir pourra nous donner un semblant de réponse à cela. En tout cas, je ne pense pas que vous étiez si philosophe, le Sirius de mon monde ne l’était pas ou peut-être que si, mais je ne m’intéressais guère, ni à lui ni à sa vie. Il faut dire que lui et moi étions comme chien et chat ! » lui dis-je dans un léger sourire amusé. « J'ai arrêté de compter le nombre de fois où je me suis battu avec lui durant toutes ses années et notre scolarité. »

Sirius n’avait pas l’impression d’être un psychologue, il réfléchissait simplement à la logique et aux lois qui régissaient ce nouveau monde, mélange de deux autres mondes. Il n’avait pas l’impression de dire des choses étranges ou incompréhensibles. Mais il avait perdu Fenella, il le voyait dans ses yeux, il l’entendait dans son discours. Cela n’avait plus d’importance, il ne tenait pas spécialement à ce qu’elle l’écoute ni à ce qu’elle le croit. En revanche, il tenait à ce qu’elle ne se croit pas coupable de la souffrance de ses proches alors qu’elle n’avait pas fait de mal à quiconque. Les actes de Voldemort, quel que soit le Voldemort, n’étaient pas la faute de ses victimes.

Fenella le compara au Sirius de son monde qu’elle ne pensait pas être si philosophe. Mais la vérité était que ce ne serait pas Fenella ni Sirius qui pourraient le savoir. Sirius n’aurait jamais l’occasion de le connaître et Fenella avait toujours préféré l’éviter. Finalement, ce ne serait que si Sirius rencontrait le James de l’autre monde qu’il pourrait peut-être en savoir plus sur son autre lui-même, mais Sirius n’était pas certain de vouloir réellement en apprendre plus. Cet autre lui n’était pas lui et qu’importait-il qu’il soit philosophe, qu’il soit bien ou non, qu’il ait de bonnes valeurs. Ca ne changerait rien pour lui, Sirius.

« Vous n’avez pas tort. Il se fait tard, je vais vérifier que tout se passe bien dans les étages. Nous nous retrouvons au dîner ? »

Quand Sirius me fit part de l'heure tardive qu'il était, j'en fus un instant surprise avant de porter mon attention sur ma montre qui m'indiquait déjà dix-neuf heures, ce qui me fit grandement écarquiller les yeux.

« Vous avez raison, je n'avais pas vu qu’il était si tard, il va falloir que je me mette aux fourneaux ! »

Je n'avais pas vu le temps passer en compagnie du sorcier, au fil de notre discussion et nos échanges d'informations. La seule, ou plutôt les autres personnes avec qui je ne faisaient guère attention au temps étaient Lily, Severus et leur fille, ainsi que Remus.

Je n'aurais jamais cru possible que cela arrive avec Sirius Black et pourtant j'avais grandement apprécié ce moment en sa compagnie et cet échange que, je devais bien l'avouer, j’espérais renouveler très prochainement. Même si certains points de notre discussion furent durs et éprouvants pour moi, le jeune homme avait réussi à trouver les mots et gestes pour me calmer et m’apaiser. J'ignore si le Sirius de mon monde en aurait fait autant vu notre relation. Enfin ce n’était vraiment pas le moment de penser à cela. Dans l’immédiat, je devais me mettre au plus vite aux fourneaux pour que le dîner soit prêt pour vingt heure trente au plus tard et Sirius devait aller vérifier que tout allait bien dans le reste de la maisonnée avant l'heure du dîner.

« Oui nous nous revoyons pour le dîner ! A plus tard Sirius ! Pardon Monsieur Black ! »

Je filais ensuite dans la cuisine de la demeure pour commencer à préparer le repas pour le soir. Après avoir enfilé mon tablier et avoir attaché mes cheveux en queue de cheval, je me mis à la préparation avec joie, enthousiaste et concentrée, tout en chantonnant. C’était mon petit rituel et cela me permettait aussi de laisse s'envoler mes idées noires et ma tristesse très loin.